Une habitation mal isolée subit en moyenne 25 à 30% de pertes thermiques. Ce chiffre peut aller jusqu’à 40% pour les logements anciens non isolés. Pour pallier ce problème, différentes techniques d’isolation ont été adoptées, dont l’isolant mince ou isolant multicouche. Ce matériau a été introduit dans le bâtiment pour la rénovation thermique du fait de sa faible épaisseur. Mais est-il vraiment efficace ? Voici tout ce qu’il faut savoir avant d’investir dans un isolant mince.
Le prix d’une isolation multicouche
Le prix minimal d’un isolant mince est d’environ 5 €/m². Pour plus de performance, les meilleures qualités peuvent aller jusqu’à 25 €/m² en fonction de la marque et la certification de l’isolant.
Il est plus onéreux que certains isolants classiques tels que la laine de verre qui tourne autour de 3 à 15 €/m² pour une épaisseur allant jusqu’à 30cm.
Ces prix-là ne tiennent pas compte de la pose de l’isolant. Le prix de pose d’un isolant mince varie entre 35 et 55 € l’heure soit 4 à 14€ / m2.
Qu’est-ce qu’un isolant mince ?
Généralités sur l’isolant mince
Bien que l’isolation thermique par l’intérieur soit largement utilisée en France, la perte d’espace en est l’un des principaux inconvénients. C’est alors que les isolants minces ou isolants multicouches ont été considérés.
D’abord utilisé dans l’aérospatial, ce matériau est apparu sur le marché du bâtiment il y a environ 40 ans. Cela en fait un isolant relativement récent, comparé aux isolants traditionnels qui datent de plusieurs centaines d’années.
Suivant son épaisseur et sa composition, il est connu sous plusieurs appellations dont :
- Isolants multicouches
- Produit mince réfléchissant (PMR)
- Isolants minces réflecteurs (IMR)
- Barrières radiantes
- Isolant sandwich
Apparence d’un isolant multicouche
On reconnait l’isolant mince assez facilement à son apparence en rouleaux brillants, avec plusieurs couches de matériaux.
Son épaisseur varie entre 3 et 50mm, d’où le terme de « mince » ou « fin » retrouvé fréquemment dans son appellation. À titre de comparaison, l’épaisseur d’une laine minérale est de 25 à 30 cm.
Les dimensions moyennes d’un rouleau d’isolant multicouche sont de 10 m x 1,5 m. Cependant, ces dimensions peuvent varier en fonction du fabricant.
En général, il est utilisé pour l’isolation thermique du sol, des murs, des portes, des garages, et surtout des combles.
La composition d’un isolant mince
Les isolants minces sont généralement composés d’une face aluminisée de chaque côté et de plusieurs couches d’isolant souple entre celles-ci. C’est pour cette raison qu’ils sont également appelés isolants multicouches.
Les couches extérieures :
C’est la partie la plus remarquable, car elle donne au matériau son aspect brillant. Elle est composée d’une ou plusieurs couches d’aluminium ou de film plastique aluminisé de part et d’autre.
Les couches intermédiaires
Elles se trouvent entre les couches extérieures et peuvent être constituées de plusieurs types de matériaux tels que :
- Des films de polyéthylène à bulles,
- De la laine minérale ou animale,
- De la mousse synthétique,
- De l’ouate de cellulose
Toutes ces couches ou feuilles peuvent être assemblées de différentes manières, à savoir par soudure, par collage, ou par couture.
Fonctionnement d’un isolant mince
Le principe de fonctionnement d’un isolant mince peut être expliqué en deux étapes :
Limiter les échanges par rayonnement thermique
Le rayonnement thermique est un échange d’énergie par onde électromagnétique et donc un échange de chaleur sans contact direct.
Les couches d’aluminium s’assurent de bloquer ces rayonnements thermiques. Les rayons thermiques venant des murs intérieurs sont bloqués par la couche d’aluminium de la face intérieure de l’isolant mince.
Suivant le même principe, la couche d’aluminium de la face extérieure de l’isolant mince empêche les rayons thermiques de pénétrer dans les couches intermédiaires.
Éviter la déperdition par convection :
Les échanges de chaleur par convection nécessitent un contact avec un matériau qui joue le rôle de conducteur.
Ce sont les couches intermédiaires qui se chargent de limiter les pertes thermiques par conduction. Il peut y avoir jusqu’à 25 couches en fonction de l’isolant mince choisi.
L’aluminium en lui-même un conducteur. Bien qu’il réfléchisse les rayons thermiques, il conduit l’énergie thermique par contact, d’où la nécessité d’incorporer plusieurs couches fines d’isolant entre les films d’aluminium.
Performance thermique
La performance thermique d’un isolant multicouche est définie par deux principaux critères :
La résistance thermique intrinsèque
La résistance thermique intrinsèque d’un matériau est sa capacité à bloquer les échanges thermiques. Elle est souvent notée R et est mesurée en m²K/W. De ce fait, plus la résistance thermique est importante, plus le pouvoir isolant du matériau est élevé.
La résistance thermique intrinsèque d’un isolant mince se situe en général entre 0.1 et 1 m²K/W.
Dans de bonnes conditions de pose, c’est-à-dire avec les lames d’air immobile de 20 mm de part et d’autre de l’isolant multicouche, la résistance thermique de l’ensemble ne dépasse pas 2 m²K/W.
La résistance thermique minimale exigée par la RT 2012 pour un isolant est de 6 m²K/W pour les rampants de toiture et 7 m²K/W pour les planchers de combles perdus. Cela signifie que même dans les meilleures conditions d’installation, un isolant sandwich est plutôt considéré comme un complément d’isolant.
La conductivité thermique
La conductivité thermique d’un matériau est sa capacité à transmettre de la chaleur, c’est-à-dire à la recevoir et à la céder. Donc plus la conductivité thermique est faible, plus l’isolant est performant.
La conductivité thermique d’un isolant mince est de 0.033 W/m².K. celle d’un isolant classique tel que la laine de verre étant de 0.035 W/m².K. Les deux se valent sensiblement sur ce critère. Ce n’est donc pas réellement un critère de choix.
Installation
Il est recommandé de toujours faire appel à un professionnel pour installer une isolation thermique. Celle-ci sera non seulement plus efficace, mais aussi plus durable.
Les étapes d’installation
Pour poser un isolant multicouche sur ses murs intérieurs, il est nécessaire de suivre les étapes suivantes :
- La mesure et le marquage des surfaces à isoler : cela va permettre d’obtenir les mesures pour la découpe de l’isolant. Un recouvrement de 50 à 100 mm entre les bandes doit être pris en compte pour assurer une bonne étanchéité.
- La découpe : une fois les mesures prises, l’isolant peut être découpé suivant les surfaces à couvrir. Cette étape requiert de la précision.
- La pose : il est primordial de tendre l’isolant autant que possible. Cela a pour but de limiter les ponts thermiques.
Points à surveiller
S’assurer de l’étanchéité
Pour s’assurer d’une bonne étanchéité, il y a d’autres règles de pose à suivre :
- Utiliser un adhésif en aluminium sur les jonctions de l’isolant
- Fixer avec des agrafes ou des tasseaux
- Mettre des liteaux sur le contour de l’isolant
- Inclure des lames d’air inertes de chaque côté de l’isolant.
- S’assurer d’une bonne ventilation dans l’habitation par un système VMC.
Éviter la condensation
Il faut toujours placer le film mince du côté intérieur de l’habitation, c’est-à-dire du côté chaud. Il est donc fortement déconseillé de placer un isolant intérieur classique par-dessus un isolant mince.
Cela a pour but d’éviter le risque de condensation du côté intérieur de l’habitation. Le cas échéant, l’accumulation d’humidité pourrait dégrader la performance de l’isolant, mais aussi endommager l’ossature de la paroi à isoler.
Si la paroi à isoler présente déjà un isolant classique, il faut également vérifier que l’isolant existant ne dispose pas d’un pare-vapeur. Si un pare-vapeur est en place, il faut lacérer ce dernier.
Ordre de pose d’un isolant mince
Pour maximiser les performances et la durabilité d’un isolant sandwich, l’ordre suivant doit être respecté de l’extérieur vers l’intérieur :
- Ossature de la paroi à isoler
- Pare-Pluie
- Isolant classique (sans pare-vapeur, ou pare-vapeur lacéré)
- Première lame d’air immobile
- Isolant mince
- Deuxième lame d’air immobile
- Parement intérieur
Avantages et inconvénients des isolants minces
Avantages | Inconvénients |
10 à 50 fois plus fin qu’un isolant traditionnel. | Nécessité de faire une isolation classique extérieure en parallèle pour ne pas cumuler d’épaisseur d’isolant sur les murs intérieurs |
Isolant pendant l’été et les périodes de forte chaleur. Limite la surchauffe en cas de canicule. | Performance à résister contre le froid de 2 à 3 fois inférieure à un isolant classique. |
Résiste au feu, à l’humidité, aux rongeurs, et à la vapeur d’eau. C’est un pare-vapeur. | Dans de mauvaises conditions de pose, risque de condensation, car c’est un matériau hydrofuge |
Facile à poser sur les surfaces irrégulières ou plus difficiles d’accès (garage, sol, combles) | Seuls, non éligible aux aides financières du fait d’un pouvoir isolant insuffisant. |
Mauvais isolant phonique. Aucune plus-value du côté acoustique. |
Bien que les isolants minces présentent certains avantages, leur utilisation implique diverses contraintes par rapport à un isolant classique. Surtout étant donné qu’un isolant multicouche peut être plus coûteux qu’un isolant traditionnel.
Aides financières
L’accès à une aide est possible, mais elle dépend de plusieurs facteurs. Comme la performance de l’isolant mince est en dessous de celle exigée par la RT 2012, son utilisation en tant qu’isolant à part entière ne bénéficie pas d’aides financières.
Mais dans le cas où vous faites appel à un artisan RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) et que l’isolant mince n’est utilisé que comme un complément pour un isolant de type traditionnel, une aide financière est envisageable.
Pour cela, la résistance thermique de votre isolant principal combiné avec votre isolation multicouche doit répondre aux exigences suivantes :
- Pour les rampants et la toiture : 6m².K/W
- Pour les planchers de combles perdus : 7m².K/W
- Pour les façades et les pignons : 3, 7m².K/W
- Pour les plancher bas : 3m².K/W
Pour une rénovation thermique effectuée par un professionnel RGE et respectant les résistances thermiques minimales ci-dessus, plusieurs aides sont disponibles :
Dispositif | Plafond de la prime | Critères |
MaPrimeRénov | En fonction du revenu Plafonné à 15 000€ | Logement de plus de 2 ans |
Eco-Prêt à Taux Zéro | Prêt jusqu’à 50 000€ Sans taux d’intérêt | Logement de plus de 2 ans A rembourser sur 20 ans |
Primes CEE | Selon revenus et RT des travaux | Logement de plus de 2ans |
TVA à 5,5% | TVA réduite à 5,5% sur le devis des travaux | Logement de plus de 2ans |
Chèque énergie | Entre 48 et 277 €/an | RFR inférieur à 10 800€ /ans/Unité de Consommation |