Il existe différents modes de construction en terre crue, et le pisé en fait partie. Cette technique très ancienne permet d’obtenir un mur solide et durable à la finition unique. Le mur en pisé se construit en compactant de la terre argileuse et limoneuse mélangée à des granulats dans un coffrage généralement en bois. Le pisé compte de nombreux atouts, si on ne cite que son esthétique authentique et son côté écologique. Le prix d’un mur en pisé dépend de plusieurs facteurs. Il faut compter entre 200 et 850 € du m² environ pour les fournitures et la pose d’une telle construction.
Prix du m² d’un mur en pisé
Pour la pose par un professionnel de votre mur en pisé de 30 à 50 cm d’épaisseur, vous devez préparer un budget moyen de 200 à 850 € du m². Ce prix ne prend pas en compte les frais supplémentaires, par exemple, pour la réalisation de la fondation. En effet, avec sa densité de 1800 à 2200 kg/m3, un mur en pisé affiche un poids important. Il doit donc reposer sur une base solide. Les frais annexes comprennent également le coût de l’enduit et de la finition.
Par ailleurs, le budget à préparer pour ériger un mur en terre crue pisé varie en fonction de plusieurs facteurs comme :
- les matériaux utilisés : le pisé est en général constitué d’argile, de sable, de limon et de granulats. La proportion de chaque composant varie selon les régions et l’artisan qui construit le mur et le type de mur à monter. De plus, la terre utilisée peut provenir directement du site de construction ou être achetée auprès d’un fournisseur local ;
- la surface à couvrir : elle correspond à la hauteur du mur en pisé, à sa longueur, mais également à son épaisseur. Il faut plus de matériaux et de main-d’œuvre pour monter un grand mur épais ;
- la complexité de la conception : le niveau de difficulté concernant la mise d’un mur en pisé dépend notamment de la technique utilisée, de la hauteur et du type de mur à construire. Une pose complexe requiert des compétences spécifiques, donc coûte plus cher ;
- le prestataire choisi : le coût des matériaux pour la réalisation d’un mur en pisé est assez abordable, vu que la terre est le plus souvent extraite dans ou aux alentours du chantier. Ce qui fait surtout augmenter le budget, c’est le prix de la main-d’œuvre. Sachez que la création d’un mur en pisé représente un processus assez complexe et laborieux. Il requiert donc le savoir-faire et les compétences spécifiques d’un professionnel qualifié.
Qu’est-ce que le pisé ?
Épais de 30 à 50 cm en moyenne, un mur en pisé est un mur érigé à partir d’une terre humide (teneur en eau de 15 à 20 %) damée et compactée dans des coffrages appelés banches. La composition du pisé est variable et dépend surtout des régions. Néanmoins, le matériau contient toujours de l’argile, du sable et du gravier.
L’argile fait office de liant unique pour les pisés traditionnels dits pisés non stabilisés. Pour les pisés stabilisés, il est possible d’intégrer de la chaux ou du ciment dans leur composition. On obtient ainsi un pisé plus résistant à la compression et à l’eau.
Pour fabriquer du pisé, il faut verser la terre par couches successives dans les banches. On la compresse ensuite manuellement à l’aide d’un pilon, d’un pisoir ou d’un dame. Le compactage peut aussi se réaliser mécaniquement avec un fouloir pneumatique.
Le pisé comporte plusieurs couches de terre. Il permet de créer des murs porteurs, contrairement au torchis qui sert de matériau de remplissage. Béton non armé, le mur en pisé présente une bonne résistance à la compression avec une valeur comprise entre 0,9 et 2 MPa. Ce matériau permet donc de construire un bâtiment de configuration traditionnelle comportant un ou deux niveaux.
Néanmoins, le pisé résiste moins bien à la traction et nécessite donc un chaînage du bâtiment. Le fait de l’associer à d’autres matériaux comme le bois permet d’améliorer sa résistance à la tension. Dans ce cas, le pisé devient un matériau de construction idéal pour les bâtiments situés dans les régions sismiques.
Origine des murs en pisé
Les constructions utilisant de la terre crue banchée comme le pisé existent depuis l’Antiquité. Les anciennes civilisations extrayaient directement la terre disponible sur le chantier pour la construction de leurs habitations. La technique du pisé a été pratiquée dans plusieurs régions du monde, notamment en Afrique, en Amérique centrale, au Maroc et en Chine.
En Occident, le pisé a connu son apogée au XVIIIe siècle après que François Cointeraux et d’autres architectes ont diffusé leurs travaux sur le sujet. Cependant, ce mode de construction en terre crue a été mis de côté à partir du début du XXe siècle. Cette époque marque l’arrivée sur le marché des matériaux dits « plus solides et faciles d’utilisation » comme le bloc de béton et la brique. Mais depuis les années 80, on observe un nouvel engouement pour le matériau terre, y compris pour le pisé au bilan écologique remarquable.
Avantages du mur en pisé
Le pisé est un matériau naturel qui présente plusieurs atouts :
- résistance mécanique : le mur en pisé résiste à la compression et peut supporter des charges importantes. Cela en fait un matériau idéal pour le montage de murs de soutien ;
- inertie thermique : avec sa conductivité thermique (lambda) de 0,9 à 1,1 W/m. k, le mur en pisé n’est pas un bon isolant thermique. Néanmoins, ce matériau se distingue par sa bonne inertie thermique. Ainsi, il régule naturellement la température à l’intérieur du logement. Il stocke la chaleur du soleil pendant la journée et la diffuse petit à petit la nuit, quand la température baisse ;
- isolation acoustique : dense et épais, le mur en pisé favorise le confort acoustique en atténuant les bruits d’impact et aériens ;
- économies d’énergie : en raison de ses propriétés de masse thermique, le mur en pisé vous fera économiser en climatisation et en chauffage ;
- perspirance et régulation de l’humidité : réalisé à partir de matériaux de la terre, le mur en pisé est une structure poreuse qui laisse passer la vapeur d’eau. Il se caractérise aussi par sa capacité à gérer naturellement les variations hygrométriques. Il absorbe l’excès d’humidité à l’intérieur de la pièce et le rejette quand l’air devient plus sec. Avec un mur en pisé, vous préservez la qualité de l’air dans votre logement tout en évitant le risque de pathologie humide ;
- résistance au feu : incombustible, le mur en pisé offre une forte résistance au feu ;
- durabilité : la durée de vie d’un mur en pisé est de l’ordre de plusieurs siècles. Certains bâtiments en pisé datant du XVIIIe siècle subsistent encore en France, notamment dans la région Rhône-Alpes ;
- écologie : la terre, matériau naturel disponible en grande quantité, représente l’élément constitutif de base d’un mur en pisé. Respectueux de l’environnement, le pisé aide à réduire l’empreinte carbone de la construction.
Inconvénients du mur en pisé
Le mur en pisé présente aussi des limites, dont :
- sa sensibilité à l’humidité : vous devez protéger le mur en pisé contre les infiltrations d’eau, les remontées capillaires et la pluie. Créez un débord de toit d’un mètre environ, doté de gouttières, pour mettre votre mur à l’abri des intempéries. L’installation de drains autour de la construction vous permettra aussi d’assurer sa stabilité et sa durabilité. Enfin, montez votre mur en pisé sur des soubassements de galets ou de pierres qui dépassent le niveau du sol ;
- sa difficulté de mise en œuvre : la réalisation d’un mur en pisé constitue un processus laborieux qui requiert un réel savoir-faire ;
- sa sensibilité à la traction : sans chaînage adéquat, la construction en pisé peut se fissurer en traction. Des briques cuites ou un chaînage en mortier de ciment peuvent être utilisés pour renforcer les parties les plus fragiles et exposées du mur, notamment les encadrements et les angles.
Enduire un mur en pisé
Quand faut-il enduire un mur en pisé ?
À l’origine, les bâtiments en pisé n’étaient pas couverts d’enduit. En effet, ce matériau de revêtement risque de nuire à la porosité et à la perspirance du pisé. Cependant, la pose d’un enduit est souhaitable, voire nécessaire dans certains cas :
- protection contre les remontées capillaires ou la pluie : la pose d’enduit permet de protéger le pisé de la dégradation précoce causée par l’humidité. Optez pour un enduit imperméable à l’eau, mais qui laisse la vapeur d’eau passer. C’est le cas notamment de l’enduit à la chaux ;
- présence de fissures : pour réparer ces défauts, vous devez choisir un enduit à base de terre, qui a la même composition et la même souplesse que le pisé ;
- personnalisation du mur : vous avez également la possibilité de revêtir votre mur en pisé d’enduit afin de le décorer.
Quel enduit faut-il choisir pour votre mur en pisé ?
Sélectionnez un enduit adapté au mur en pisé. Pour ce faire, prenez en compte les points essentiels comme l’état du mur, son exposition et l’aspect que vous souhaitez obtenir. Proscrivez les enduits trop étanches ou trop rigides qui risquent de nuire à la perspirance du mur. Les enduits à base de ciment ou de plâtre et les enduits synthétiques sont donc à éviter. Préférez les enduits naturels comme :
- l’enduit à la chaux : cet enduit traditionnel se distingue par son imperméabilité à l’eau, son esthétique et sa perméabilité à la vapeur d’eau. Il est possible de le teinter afin de personnaliser le mur. Il convient aux façades très exposées aux intempéries ;
- l’enduit à la terre ou à l’argile : il s’agit également de matériaux naturels et écologiques. Ces deux types de revêtements sont adaptés aux murs intérieurs ou peu exposés.
Isoler un mur en pisé
Le mur en pisé est complexe à isoler. En effet, il faut respecter la porosité et la perspirance du mur. Une isolation mal réalisée entraîne le plus souvent un risque de pathologie humide. Pour ne pas nuire à la capacité du mur en pisé à échanger la chaleur et la vapeur d’eau, vous devez :
- privilégier les matériaux isolants respirants qui laissent passer la vapeur d’eau. C’est le cas des isolants naturels comme la laine de bois, le liège et le chanvre ;
- éviter de coller directement l’isolant sur le mur. Réalisez une isolation déportée en laissant un espace vide de 5 cm environ entre le matériau et le support ;
- préférer l’isolation par l’extérieur et proscrire une solution de doublage étanche par l’intérieur associant isolant et placo.
Réaliser un mur en pisé
- préparer la terre à pisé : elle contient de l’argile, du sable, des slits et des cailloux de tailles différentes dont la proportion varie en fonction de la région où la terre a été extraite. Humidifier légèrement la terre en veillant à ne pas dépasser un taux d’humidité maximal de 20 %. Bien malaxer jusqu’à l’obtention d’un mélange granuleux. Il est possible de combiner différentes couleurs de terre pour personnaliser le mur ;
- mettre les banches en place : il s’agit de coffrages en bois renforcés avec un solide étaiement ;
- monter le mur en pisé : verser une couche de terre d’une hauteur de 10 à 20 cm dans les coffrages. Compacter à l’aide d’un pilon ou d’un fouloir pneumatique. Répéter l’opération jusqu’à atteindre le haut des banches. Déplacer les coffrages horizontalement pour réaliser tout le mur ;
- réaliser la finition : cette dernière étape consiste à enlever les coffrages et à araser les têtes de mur.
Conseils pratiques pour obtenir des murs en pisé de qualité
Suivez ces conseils pour réussir le montage de vos murs en pisé :
- posez les murs en pisé sur un terrain stable et drainant ;
- protégez les murs contre l’humidité en prévoyant un débord de toiture et un soubassement en pierres ;
- utilisez un matériau isolant et un enduit adapté ;
- compactez bien chaque couche de terre pour éviter que la structure ne s’affaiblisse ;
- confiez la construction de vos murs en pisé à un professionnel qualifié.