Le torchis est une technique de construction ancestrale qui permet de monter un mur écologique, rustique et durable. Le mur en torchis se compose d’un mélange de terre crue, de fibres naturelles, de sable et d’eau garnissant une ossature en bois. Ce mur esthétique se caractérise aussi par ses performances thermique et acoustique. Le prix d’un mur en torchis fourni et posé par un professionnel varie généralement de 40 à plus de 105 € du m².
Combien coûte un mur en torchis ?
Prix du m² d’un mur en torchis
Éléments | Prix |
Mur en torchis, fournitures et pose comprises | 50 à plus de 105 €/m² |
Mur en torchis, fournitures seules |
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Main-d’œuvre seule pour la réalisation d’un mur en torchis | 30 à 70 €/m² |
Facteurs faisant varier le prix d’un mur en torchis
Plusieurs facteurs entrent en considération dans le calcul du budget à préparer pour la réalisation d’un mur en torchis :
- nature et origine des matériaux : la terre limoneuse extraite directement du chantier coûte moins cher que celle provenant d’un autre lieu. Le prix du mur en torchis dépend également de la qualité de la terre, de la paille et des autres composants. Par ailleurs, le budget à préparer sera plus important si vous optez pour du torchis prêt à l’emploi en sac ;
- dimensions du mur en torchis : l’étendue de la surface à couvrir détermine la quantité de matériaux et d’heures de travail, donc le coût du projet ;
- complexité du chantier : les contraintes techniques, logistiques ou réglementaires peuvent faire augmenter le prix d’un mur en torchis ;
- type de finition : l’application d’un enduit afin de décorer ou de protéger le mur en torchis représente un frais supplémentaire. Le prix d’une telle finition dépend du type d’enduit choisi ;
- artisan contacté : le coût de la main-d’œuvre pour la réalisation d’un mur en torchis varie en fonction de l’artisan et de la région.
Qu’est-ce qu’un mur en torchis ?
Le torchis, un mur non porteur
Un mur en torchis est un mur non porteur de 4 à 20 cm d’épaisseur, conçu à partir d’un mélange de terre limoneuse/argileuse, de fibres naturelles et d’eau. Ce matériau est utilisé comme hourdis pour remplir les structures en bois. Il peut aussi recouvrir le lattis afin de cacher l’ossature en bois du bâtiment. Il existe différents types d’armatures d’accroche pour le torchis :
- le clayonnage : cette armature se compose de branches fines et souples tissées et posées sur un barreaudage fixé dans l’ossature en bois ;
- le lattis : le torchis se plaque sur les deux côtés d’un treillis de lattes de bois inséré dans l’ossature en bois ;
- l’éclisse : on coince des branchettes de bois en quinconce entre les colombes, dotées d’encoches et de rainures, avant d’y appliquer le torchis.
Le torchis est souple, durable et possède une bonne résistance mécanique. Ses caractéristiques techniques lui permettent de créer des murs extérieurs et intérieurs. Il fait partie des matériaux privilégiés pour la rénovation des bâtiments anciens comme les maisons à colombages. En construction, vous pouvez l’associer à d’autres matériaux comme la pierre et la brique. Vous concevrez ainsi un bâtiment qui allie tradition et modernité.
Histoire du torchis
Les premiers signes de l’utilisation du torchis remontent au Néolithique. Cette ancienne technique de construction a été utilisée pendant plusieurs siècles dans de nombreuses régions du monde telles qu’en Afrique, en Europe et en Asie. En Europe, elle a connu son apogée entre le XIV et le XVIe siècle. À l’époque, le torchis servait à édifier différents types de bâtiments. Outre les habitations, il permettait également de construire des fermes, des églises et même des châteaux.
À partir du XVIIIe siècle cependant, on observe un abandon progressif du torchis. Cela s’explique notamment par l’industrialisation du secteur de la construction et l’apparition d’autres matériaux comme le béton, le parpaing et la brique. Ce n’est qu’à partir des années 1980 que ce matériau de construction connaît un regain d’intérêt en raison de ses qualités thermiques et écologiques.
Composition du torchis
Voici les principaux éléments qui constituent un mur en torchis :
- support : le torchis s’applique sur un support généralement en bois, propre, sain et résistant. Parmi les supports les plus utilisés pour la réalisation des murs en torchis, il y a le bambou, les bûches de châtaignier, les roseaux, et les joncs ;
- terre limoneuse : elle doit contenir en moyenne 15 à 30 % d’argile. Cet élément sert de liant en se mélangeant aux autres composants ;
- fibres naturelles : elles confèrent au torchis sa cohésion et sa résistance. Les fibres végétales comme la paille de seigle, de riz ou de blé, le foin et les filasses de chanvre sont les plus utilisées dans la recette du torchis. Certains artisans se servent également d’autres fibres tels que des poils d’animaux (par exemple, le crin de cheval) et des cheveux pour concevoir leur torchis ;
- sable : il dégraisse la terre argileuse et colore le torchis. Sa quantité dépend de la composition de la terre. En effet, une terre trop riche en argile risque d’afficher des retraits importants après séchage. À l’inverse, une terre trop sableuse sera trop fragile.
Dans certains cas, l’artisan ajoute de la chaux ou du plâtre dans la composition du torchis. Ces liants permettent d’obtenir un mur plus résistant aux intempéries.
Avantages du mur en torchis
Le mur en torchis présente plusieurs avantages, tant sur le plan environnemental que technique :
- écologie : les fibres qui constituent le mur en torchis sont des matériaux naturels, locaux, renouvelables et recyclables. Par ailleurs, le torchis ne requiert pas de cuisson ni de traitement chimique ;
- inertie thermique : le mur en torchis emmagasine la chaleur pendant la journée et la diffuse à l’intérieur du bâtiment quand la température baisse ;
- isolation thermique et phonique : en raison de sa densité et de sa composition, le mur en torchis contribue au maintien d’une température agréable à l’intérieur du bâtiment. Cet excellent isolant phonique atténue aussi les bruits venant de l’extérieur :
- durabilité : le torchis résiste aux intempéries, au feu et aux attaques des rongeurs et des insectes. Il peut traverser plusieurs siècles tout en étant facile à entretenir ;
- régulation de l’humidité intérieure : respirant, le torchis est un excellent régulateur hygrométrique. En facilitant l’échange d’air entre l’intérieur et l’extérieur, il permet de créer une atmosphère saine et confortable ;
- esthétique : l’aspect authentique, rustique et chaleureux du mur en torchis donne du charme au bâtiment. Il est possible de jouer avec les couleurs et les formes, ou d’associer le torchis à d’autres matériaux comme la pierre et la brique, pour réaliser différents styles architecturaux.
Inconvénients du mur en torchis
Malgré ses nombreux atouts, le mur en torchis n’est pas dénué d’inconvénients :
- sensibilité à l’humidité : contrairement à d’autres constructions en terre crue comme le pisé, le mur en torchis doit être systématiquement recouvert d’enduit. Ce revêtement sert de barrière contre la neige, la pluie et le gel. Vous devez également mettre en place un grand débord de toiture sur votre bâtiment et poser votre mur en torchis sur un soubassement qui dépasse le niveau du sol ;
- respect de la perspirance : pour perdurer et déployer ses qualités, le mur en torchis a besoin de respirer. Les matériaux synthétiques ou imperméables, comme l’enduit de ciment, ne lui sont pas adaptés ;
- complexité de la mise en œuvre : la réalisation de murs en torchis requiert l’intervention d’un professionnel qui dispose des compétences techniques spécifiques dans ce domaine ;
- temps de séchage long : vous devez anticiper le temps de séchage de votre mur en torchis. Pour un mur de 15 cm d’épaisseur, comptez 3 semaines environ pour un séchage au toucher et plusieurs mois pour un séchage à cœur.
Enduire un mur en torchis
La pose d’un enduit est systématique après le montage d’un mur en torchis. Ce revêtement joue plusieurs fonctions, dont :
- la protection du torchis contre différentes agressions comme la pluie, le gel, le soleil et les chocs ;
- le lissage de la surface du mur, ce qui donne un aspect fini à votre façade ou à vos murs intérieurs ;
- la décoration du mur, en vous permettant de choisir le coloris et la texture de votre choix ;
- l’amélioration du confort intérieur, car l’enduit ajoute des propriétés isolantes supplémentaires au mur en torchis tout en participant à la régulation de l’humidité.
Choisissez un enduit respirant comme l’enduit à base de chaux ou l’enduit à l’argile pour votre mur en torchis. Ces revêtements permettent une régulation hygrothermique et accompagnent les mouvements du mur grâce à leur flexibilité.
Mur en torchis, un bon isolant
Avec son lambda de 0,12 à 0,59 W/m.K, le torchis affiche une bonne conductivité thermique. Pour information, plus le lambda se rapproche de 0, moins le matériau est conducteur de chaleur. La performance thermique du mur varient thermique varie en fonction du type de torchis :
- torchis lourd : il convient surtout aux murs intérieurs. Il s’obtient en mélangeant beaucoup de terre avec un peu de fibres naturelles. Le mur en torchis conçu avec cette recette agit par inertie thermique. Ainsi, il garde l’intérieur de la maison frais en été et chaud en hiver ;
- torchis allégé : à choisir si vous souhaitez privilégier l’isolation thermique. Contenant un peu de terre et beaucoup de fibres naturelles qui emprisonnent l’air, le torchis allégé est idéal pour les murs extérieurs.
Cependant, le mur en torchis ne peut répondre à lui tout seul aux exigences actuelles en termes d’isolation. Pour améliorer le confort thermique à l’intérieur de votre bâtiment, préférez un isolant respirant et qui offre une régulation de l’humidité. Parmi les matériaux isolants adaptés au mur en torchis, on peut citer le chanvre, le liège et la laine de bois.
Monter un mur en torchis
Méthode manuelle
Cette méthode traditionnelle consiste à fabriquer le torchis sans l’aide d’une machine. Elle demande du temps et beaucoup d’efforts.
Préparation du mélange de torchis
- Tamiser la terre afin d’enlever tout débris de végétal ;
- Découper les fibres naturelles pour qu’elles aient une longueur de 30 à 35 cm environ ;
- Préparer le torchis. La recette de base est de 3 volumes de terre et 3 ou 4 volumes de paille à mélanger avec 1 volume de sable. Mais elle peut varier en fonction de la région, de l’artisan, du type de mur à construire et de la qualité de la terre ;
- Ajouter l’eau petit à petit et fouler le mélange au pied jusqu’à obtenir une pâte homogène et souple.
Si vous utilisez du torchis prêt à l’emploi, il vous faut environ 25 kg de matériau par m².
Pose du torchis
Dans cette étape, il faut modeler et fixer le torchis sur les armatures en fonction de la mise en œuvre choisie :
- torchis plaqué : il s’applique sur des lattes ou des clayonnages. Le maçon presse et lisse le torchis à l’aide d’un littré, une sorte de plattoire dotée d’une manche recourbée ;
- torchis façonné en boule : cette méthode consiste à former des boules de torchis et à les poser à cheval sur les éclisses. Il faut ensuite tasser et lisser les boules de torchis ;
- torchis façonné en mèche : les boudins de torchis sont enroulés sur les éclisses avant d’être pressés et lissés.
Lors de l’application du torchis, il faut laisser un léger retrait par rapport aux poutres pour la pose de l’enduit de finition.
Séchage du torchis
- Protéger le torchis des intempéries et des chocs pendant le temps de séchage ;
- Respecter un délai minimal de 3 semaines avant la pose de l’enduit.
Finition
- Humidifier le torchis ;
- Appliquer l’enduit à l’aide d’une truelle ;
- Laisser sécher pendant une à deux semaines ;
- Humidifier l’enduit ;
- Recouvrir l’enduit d’un badigeon de protection.
Méthode mécanique
Cette méthode de fabrication de torchis est moins fastidieuse et plus rapide à mettre en œuvre. Il faut suivre les mêmes étapes que pour la méthode manuelle. La différence se situe au niveau de la préparation du mélange qui s’effectue à l’aide d’un malaxeur à main ou d’une bétonnière.